MANIFESTE DES ARTS APPLIQUÉS
ATTERRÉS
Les arts appliqués sont une discipline qui explore le coeur de nos sociétés dans ses constituants les plus visibles : architecture, production d'objets, communication visuelle, mode vestimentaire.
Les arts appliqués sont une discipline qui explore le coeur de nos sociétés dans ses constituants les plus visibles : architecture, production d'objets, communication visuelle, mode vestimentaire.

Explorer cette pratique apporte aux jeunes français un regard critique sur le monde qui les entoure ainsi qu'une capacité de création et d'adaptation.
C'est un enseignement qui inclut histoire, économie, techniques de fabrication, sociologie, philosophie… Des disciplines qui, listées ainsi ont l'air grandiloquent mais qui, distillées à petite dose et de façon concrète, dans le cadre de l'analyse d'un produit, sont très bien perçues par nos adolescents en quête d'une explication du monde.
Le fruit de cette confrontation était palpable. Nous observions le maturation des élèves qui arrivaient, à la fin de leur formation en lycée professionnel avec des clés nouvelles pour comprendre le monde qui les entoure et mieux s'y adapter. Nous participions activement à faire d'eux des adultes et des citoyens plus responsables et mieux armés face aux exigences des sociétés d'aujourd'hui.
2009 : < BOUM >
En 2009, le gouvernement met en place une contre-réforme violente : la disparition des des BEP. Ceux-ci ont été pendant des décennies, une étape essentielle et efficace, pour les jeunes qui nous étaient confiés, qui les aidait à retrouver le goût de l'effort et des apprentissages.
Cette suppression s'accompagne de la mise en place du bac pro 3 ans et d'une réduction drastique des horaires d'enseignement en arts appliqués.
De 6 à 8h d'enseignement hebdomadaire avec les années de BEP et BAC 2 ans conjointes, on peut estimer être descendus, en retranchant un tout petit peu d'histoire des arts, à un maximum de 2h d'arts appliqués par semaine sur 3 ans, soit 40min/semaine par an !
En effet, loin d'avoir réduit les programmes en proportion, le gouvernement les a augmentés d'une partie intitulée histoire des arts.
La conséquence immédiate et mathématique en est l'appauvrissement de cet enseignement.
Mais 40min c'est encore trop !
La sanction de la formation, propre à vérifier si l'élève a acquis les compétences qu'il fallait, n'est plus un examen ponctuel, c'est un CCF.
La teneur de celui-ci fait que, si on veut que les élèves produisent quelque chose qui ait un minimum de sens, on monopolise un bon tiers des heures de cours des 3 années pour cette évaluation.
Ce qui fait que l'on descend à 30 minutes d'arts appliqués par semaine ! C'est comme si – mettant toutes les heures bout à bout – les élèves arrivent en cours d'arts appliqués le lundi matin et le mercredi à midi, ils rentrent chez eux, l'année est finie !
Mais, mais, mais, la dégradation ne s'arrête pas là.
Les budgets se réduisant, les effectifs dans une même classe gonflent. Or, la pratique des arts appliqués n'est pas naturelle : l'élève n'y a jamais été confronté dans sa scolarité, elle nécessite à la fois l'absorption de concepts théoriques et à la fois un passage à l'acte pas toujours évident, le dessin, la maquette, la conception graphique. Sans compter la notion, pas toujours facilement acceptable et typiquement professionnelle, du cahier des charges : on se retrouve coincé.
BILAN
Aujourd'hui nous sommes face à une quadrature du cercle.
1 LA DISCIPLINE a disparu, ses contraintes, ses exigences, ses aboutissements, nous n'avons plus les moyens de les mettre à la portée de notre public.
2 L'ENSEIGNEMENT a disparu : par la force des choses nous n'enseignons plus, nous sommes devenus des animateurs, nous encadrons des ateliers de pseudo-création plus ou moins libres et spontanés, nos faisons, à coup de projection d'images et de débats collectifs dans la classe une ouverture à…un éveil à…Notre métier est proche maintenant de celui d'animateur de colonie de vacances.
3 L'ÉVALUATION n'a plus de sens : la mise en forme sérieuse d'une production n'est plus exigée des élèves, nous avons pour consignes de ne plus faire d'évaluation pénalisante et de réduire nos exigences et, du reste, les arts appliqués ne comptent plus dans l'obtention de certains diplômes.
Bref nous sommes agonisants.
Devons-nous attendre notre mise à mort sans rien dire ?
Devons-nous attendre qu'un bon gestionnaire (plus zélé que les autres) supprime définitivement cette discipline poussée petit à petit au plan de reliquat, pour faire des économies de budget ?
Non! Il faut réagir maintenant, pendant qu'il est encore temps!
Aussi nous lançons officiellement un mouvement derrière un cri qui résonne de plus en plus dans notre pays :
HALTE À LA CASSE
Nous, professeurs d'arts appliqués de tous les départements, amoureux de notre métier, passionnés par notre discipline et soucieux du service que la nation entend rendre à sa jeunesse ; mais aussi, femmes et hommes dégoûtés du silence et du mépris de nos autorités de tutelle et de l'image toujours plus dégradée qu'elles font passer dans les populations, entrons dans la résistance active et invitons toutes les disciplines à en faire autant.
Nous créons le collectif AAA : ARTS APPLIQUÉS ATTERRÉS
Les axes de ce collectif : il y en a 4 :
1 OBJET : Résistance à l'état destructeur : défense de notre discipline pour le respect des élèves et défense de nos emplois,
- dans le cadre plus large de la défense de l'enseignement professionnel,
- dans le cadre plus large de la défense du service public d'enseignement.
2 DEMANDE :
– 2h d'enseignement d'arts appliqués/semaine sur 3 ans hors temps nécessaire à l'enseignement de l'histoire des arts
- Refonte des modalités d’évaluations à l’examen sur la base d’une vraie séquence d’arts appliqués
3 MÉTHODE : Résistance active,
- Résistance : nous quittons le jeu destructeur imposé par le gouvernement à tous les niveaux possibles et renvoyons les contraintes, de manière tout à fait légitime, à nos autorités de tutelle.
- Active : mise en place d'actions concrètes et régulières, de manière tout à fait légitime, actions propres à traduire dans les faits, le paradoxe actuel de l'éducation nationale qui fait que cela ne peut pas fonctionner.
4 RÉSEAU : Le collectif a vocation à faire largement réseau et travaille immédiatement dans ce sens à 3 niveaux :
- mise en réseau de tous les professeurs d'arts appliqués de France.
- incitation de créations de réseaux dans les autres disciplines pour encourager une démarche commune face à l’incohérence du système
- inscription dans les réseaux de lutte français contre la casse des services publics.
Retrouvez-nous sur nos supports internet :
http://aaatterres.free.fr
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